Christophe Grasser - Naotic

Christophe Grasser – Directeur marketing stratégique & partenariats, cofondateur de Naotic : L’élan vital communicatif

C’est l’homme sympathique par excellence. Christophe Grasser, qui participe avec ardeur au développement de Naotic, entreprise fondée sur l’utilité et la pédagogie, est de ceux qu’on imaginerait volontiers comme ami.

Jan 2023
Par Pierre-Antoine Merlin, à Orvault (Loire-Atlantique)

Ce qui frappe le visiteur fraîchement débarqué de son TGV matinal tient en quelques mots : les locaux de Naotic ressemblent à leurs occupants. Des bureaux clairs, ouverts, ornés de couleurs vives, occupés par des personnes accueillantes, qui se mettent en quatre pour vous complaire. à la vérité, il sont six associés. Et si Naotic vient de fusionner avec Port Designs, tous ces responsables sont appelés à rester. Il s’agit du directeur général, Fabrice Belouin, du directeur des opérations Thomas Breton, de la directrice commerciale Virginie Etiemble, de la directrice logistique Sonia Beckelynck, d’un fournisseur local et… du directeur marketing : Christophe Grasser.

Large sourire plein et sincère, il met à l’aise les plus revêches. Chez ce manager porté sur l’empathie, elle est innée. Et vient de loin. Calé dans sa chaise utilisée comme un fauteuil, Christophe Grasser commence par le début. « Je suis né en Alsace, où j’ai été élevé par ma grand-mère, dans la région de Haguenau, au nord de Strasbourg. Cette vie villageoise a beaucoup compté pour moi. Elle compte encore aujourd’hui. J’ai un souvenir très vif de l’enfance et de l’adolescence, à la campagne, avec des relations humaines solides. J’ai aussi découvert l’apprentissage et le sens de l’entraide.

Pour autant, je reconnais que l’abord du caractère alsacien n’est pas immédiat. Les gens sont sur la réserve. Mais, une fois passée cette première impression, les amitiés sont fortes, et avec elles, le sens de l’honneur et le respect de la parole donnée. » Le rôle de la grand-mère, l’influence bienfaisante de la campagne alors que tout s’urbanise à marche forcée autour de soi : voilà à coup sûr de premiers ingrédients précieux pour alimenter les années de formation du jeune Christophe. On notera qu’il est rarissime de trouver un manager ayant passé ses années de formation au grand air, loin des métropoles. Important aussi : le rôle des parents. Même s’il en parle moins spontanément, Christophe Grasser leur rend hommage : ils se sont avérés « très libéraux, et [lui] ont fait confiance. » On perçoit assez vite que le futur cofondateur de Naotic se dote, dès son départ dans l’existence, d’un capital immatériel qui lui sera bien utile dans tous les compartiments de la vie.

Christophe Grasser - Naotic

« J’apprends en faisant, cela m’enrichit et me motive. J’aime tout ce qui est concret »


En revanche, la vie scolaire a été un peu plus délicate à négocier. Il en parle d’ailleurs sans s’émouvoir. « Dans les études, j’ai éprouvé une certaine difficulté à m’orienter. Je ne savais pas trop… c’était pas clair. » Il parvient cependant à se hisser au niveau du baccalauréat, puisqu’il obtient le précieux parchemin en section G2, autrement dit avec une bonne dose de comptabilité et de gestion. Puis il enchaîne avec une inscription en droit et sciences économiques, prolongée par la délivrance (dans tous les sens du terme ?) d’un BTS d’action commerciale. « Finalement, je préfère m’orienter et me diriger dans une démarche autodidacte. Accomplir des choses que j’apprends d’abord par moi-même. » Ainsi, il commence à exercer plusieurs métiers, parmi lesquels photographe et serveur.

Il aime faire ! C’est une certitude qu’il acquiert de plus en plus nettement en avançant. Christophe Grasser veut que ce qui est à lui le soit vraiment, et de son propre fait, et par l’entremise de sa propre initiative. Le bien comme le perfectible. Son tempérament est droit :  il avance et assume. Sans réseau, sans statut, sans être un enfant né coiffé (un Wunderkind, comme on lit dans Les Marches de l’Est), il fait de l’existentialisme sans le savoir. L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il fait, donc il est responsable de toutes ses actions. « Je rencontre beaucoup de gens, ils me montrent comment procéder. Mais ça ne vient pas tout seul. J’apprends en faisant, cela m’enrichit et me motive. J’aime tout ce qui est concret. »

Cette fois, c’est sûr : Christophe Grasser a trouvé sa voie. Elle passe par la construction, la participation, l’utilité sociale et humaine, la prise de risque mesurée. Toujours à l’écoute ou en action. Il trace sa route en manipulant simultanément tous les leviers, sans pathos inutile. Il faut juste rester dans le mouvement. C’est ce qu’il recherche depuis le début, il en a maintenant une claire conscience.

Christophe Grasser - Naotic

« La vision est une chose, mais ça ne fait pas tout. Il faut que le cadre soit propice. Que chacun apporte sa pierre à l’édifice. »

Accomplir pour progresser conjointement

Impossible de décrire, in extenso, les différentes étapes qui jalonnent la vie et la carrière du portraitisé de ce mois. Car à partir de l’âge adulte, vie personnelle et activité professionnelle s’entremêlent en une cascade de fertilisations croisées. Une chose, néanmoins, est cruciale et fondatrice dans son parcours. Alors qu’il travaille au Luxembourg dans le groupe Ernster, qui œuvre depuis plus de cent ans dans le domaine de la librairie, il prend la société Edu 4 en portefeuille. Et découvre, fort intéressé, le rôle en plein essor des NTIC dans l’éducation. Pour lui qui n’aime rien tant que faire et transmettre, cette possibilité d’entrer en relation étroite avec l’univers du didactisme et de la pédagogie agit comme un révélateur.

En 2006, il entre donc chez Edu 4. Un débouché logique et une expérience qui commence bien, se termine mal… au moins dans un premier temps. « C’était un bateau très lourd. à la vérité, on ne pilotait pas grand-chose », se souvient Christophe Grasser. Malgré diverses tentatives infructueuses, la société finit par déposer le bilan. C’est l’échec pour cette PME nantaise spécialisée dans la fabrication de matériel multimédia pédagogique, et notamment de laboratoires de langues. Un sujet auquel il était sensible, étant lui-même polyglotte (français, allemand, alsacien et anglais). Qu’à cela ne tienne : avec plusieurs collègues, Christophe Grasser considère qu’il y a lieu d’insister sur ce secteur qu’il juge porteur.

Avec la conviction que la valeur ajoutée se trouve à portée de main, dans l’équipe. C’est décidé, ce petit groupe de cadres motivés montent Naotic en 2012. « Les risques étaient mesurés, car on se connaissait depuis longtemps. On a mis du temps avant de se dire oui !, raconte-t-il avec un naturel désarmant. On s’est choisis, on a tout reconstruit, on a fait un 360, from scratch. » Une décennie plus tard, l’intuition individuelle et collective éprouvée des fondateurs de Naotic s’avère toujours juste, et les choses avancent bien.

La société devient pérenne. Christophe Grasser voit son espoir corroboré par l’expérience. « Ce que j’ai compris, c’est que quand on est seul, on n’est rien. Il faut faire confiance et s’entourer. C’est ainsi qu’on arrive à construire de grandes choses. » Comme s’il entrait en conférence avec lui-même, il poursuit sa réflexion. « La vision est une chose, mais ça ne fait pas tout. Il faut que le cadre soit propice. Que chacun apporte sa pierre à l’édifice. Car on ne peut pas être bon partout. »

« Quand on est seul, on n’est rien. Il faut faire confiance et s’entourer. C’est ainsi qu’on arrive à construire de grandes choses. »

La transmission comme valeur cardinale

Le directeur marketing de Naotic ne prend pas la pose. Il est en soi un livre de management, concret, précis, sans faire de name dropping ni, comme le feraient tant d’autres, se glisser sur la photo pour être à côté du ministre. On ne l’imagine pas, une cigarette dans une main et un coupe de champagne dans l’autre, courant dans l’ambiance frelatée des mondanités. Sa réussite personnelle et professionnelle se fonde sur les faits et les témoignages. Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous, disait un spot publicitaire des années 1970. Cela vaut pour toutes les époques. Et maintenant ? à 55 ans, Christophe Grasser a le choix. Il peut continuer à approfondir son métier chez Naotic, ou obliquer vers d’autres cieux. Stop ou encore ?

Christophe Grasser - Naotic

En réalité, le directeur des partenariats stratégiques ne s’interdit rien. Il souhaite rester chez Naotic et découvrir de nouvelles opportunités. Travailler les services associés, rechercher les compétences inédites, s’enthousiasmer encore, défricher de nouvelles perspectives toujours. La curiosité est son métier. à plus long terme, cependant, il réfléchit, envisage. Y compris son propre sort. Car à côté de la curiosité, une autre constante le taraude : la volonté de transmettre. « C’est la prochaine étape. Un jour, il faudra donner les clés du camion. »

Lorsqu’on a contribué à créer une entreprise, a fortiori une entité qui fonctionne bien à l’issue d’une décennie d’activités, le destin personnel des uns et des autres est intimement lié à celui du groupe tout entier. Il faut donc être attentif aux évolutions souhaitables. Dans le cas de l’espèce, cette double et délicate attention s’enrichit d’une réflexion familiale. Là encore, Christophe Grasser souhaite agir comme un père, en responsabilité. « Mon fils a treize ans. Je lui parle. Il saisit des bribes, et ça le fait grandir. » Une fois de plus, l’étonnement saisit : presque jamais, lors de l’exercice du portrait, un manager parle aussi librement de ses conversations avec un enfant, le sien, qui va vers l’adolescence.

Si l’on se prend à tomber sept fois, on se relève huit. Cet amoureux de la vie et du concret trouve enfin, avec la force de l’évidence, l’image qui fait mouche. « Il ne faut pas se lamenter. Il arrive un moment où il faut se mettre sur les pattes arrière, et repartir. » Christophe Grasser a l’occasion de mettre en pratique cette maxime. Selon lui, en effet, la fusion avec Port Designs « arrive au bon moment. Voici une dimension nouvelle qui se profile. Avec des perspectives ». Tout est relancé !

Christophe Grasser - Naotic

Repères

Christophe Grasser a 55 ans. Il vit en couple et est père de deux enfants

PARCOURS (sélection)
Etudes secondaires au lycée André-Maurois de Bischwiller (Alsace). études supérieures en droit et sciences éco. BTS action commerciale.

1997 Groupe Ernster, Luxembourg. Responsable du département Oratum.
2000 Edu 4, Europe & Overseas Export Manager et Product Manager.
2006 Edu 4, directeur commercial et marketing.
2012 Naotic. Directeur marketing stratégique et partenariats. Associé fondateur.
Depuis 2021 Conseiller délégué aux relations avec les territoires et membre du bureau exécutif de l’Afinef.¹

1 Afinef : association regroupant les industriels du numérique spécialisés dans l’éducation et la formation tout au long de la vie.professionnels intervenant sur le marché français.

J’AIME…

MUSIQUE Tout ce qui est inspirant et génère un état d’esprit propice à l’évasion et à la concentration. 
LITTERATURE La science-fiction, en particulier Isaac Azimov.
CINEMA Star Wars, les biopics, et les films de Christopher Nolan.
LIEU La vallée du Douro (Portugal).
GASTRONOMIE Les spécialités alsaciennes comme le baeckeoffe, que je cuisine.
VINS Les vins blancs corsés, typés et fruités.
SPORT Le football : les Canaris et le RC Strasbourg Alsace.