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Angelo d’Ambrosio – Directeur général, Acer France : évolution permanente

Voici un dirigeant issu du sérail et orienté client mais qui ne pense pas qu’au business. Son expérience forgée des deux côtés du miroir lui confère sans doute ainsi une vision à plus long terme.

Jan 2020
Par Vincent Verhaeghe, photo Vincent Baillais, andia.fr
Repères

PARCOURS

1998 – Diplôme de l’École de gestion et commerce de Chalon-sur-Saône
2001 – Acheteur Conforama
2002 – Responsable produits Portable, PDA et GPS chez PPR Purchasing (Kering)
2006 – Responsable des comptes-clefs
2007 – Directeur commercial
2011 – Directeur de division IT Consumer
2015 – Directeur général de la filiale française

 

J’AIME

Musique – J’écoute de tout, avec une préférence pour la période faste de la Motown… Même si un petit « Thunderstruck » d’AC/DC avant d’arriver au travail ne me déplaît pas !
Cinéma – « 300 », « Matrix », « Pulp Fiction », « Batman : The Dark Knight », des registres très différents mais une grande singularité.
Littérature – Globalement j’aime la littérature de Max Gallo avec ses romans histoire.
Lieux – Pour se plier à l’exercice, je dirais que, parmi les destinations où je me suis rendu, Tokyo m’a marqué, et l’Italie résonne en moi. J’ajoute que l’Irlande et l’Ecosse m’ont ébloui avec leurs golfs sublimes et leurs panoramas exceptionnels.
Passions – Tous les sports, avec une préférence pour le golf, les vins et la gastronomie pour les découvertes, le plaisir et le partage.

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Être à la tête d’une marque dont le cœur de métier est le PC n’est pas une charge de tout repos. Il faut innover techniquement et commercialement, motiver en permanence ses équipes et son réseau de partenaires, tout en subissant à chaque trimestre le diktat des cabinets d’analyse ou le couperet froid et sans appel de la publication des parts de marché. Un poste à risque dont la longévité n’est pas – tant s’en faut – la caractéristique primaire. Mais pour Angelo d’Ambrosio, c’est plus un axe de motivation que de crainte. Souriant et ouvert, le patron d’Acer France évoque sans faux-semblants ni langue de bois tous les aspects de son métier, de son entreprise et d’un marché complexe. Il faut dire qu’il connaît bien le sujet. On ne peut surtout pas lui reprocher d’ignorer le métier de ses collaborateurs et collaboratrices puisque voilà près de quatorze ans qu’il évolue – dans tous les sens du terme – chez le constructeur. Il est entré dans la filiale française du groupe taiwanais en 2006 jusqu’à en prendre la direction voilà un lustre, occupant des responsabilités commerciales et des directions de business units. Il ne se définit pas comme un geek, même si dès la fin des années 1990 il s’intéresse de près à l’informatique. Comme dans beaucoup de belles carrières, c’est le hasard qui le fait tomber dans l’IT en entrant dans la vie active. « Je travaille en tant que vendeur d’appoint au Conforama de Chalon-sur-Saône durant mes études de gestion et de marketing. Je m’occupe des PC, mais je passe chef de rayon avant d’intégrer la centrale d’achats Là encore, il ne suit pas vraiment cette voie commerciale par vocation, mais Angelo y trouve tout de même un intérêt professionnel qui se renforce lorsque Kering (ex-PPR), maison mère de Conforama mais aussi de la Fnac, Darty et Surcouf, crée fin 2001 une super centrale d’achats appelée PPR Purchasing. « Là, j e définis notamment les assortiments de produits en fonction des spécificités de chaque enseigne. J’entre dès lors en contact direct avec les marques, principalement dans l’écosystème IT et plutôt dans le B2C. » Le lien permanent avec ces dernières développe également des attaches avec leurs représentants. Portant beaucoup d’importance à la relation humaine, il répond favorablement en 2006 à une proposition d’Acer de rejoindre les rangs du fabricant. Car, même s’il est sollicité par d’autres entités, il se laisse convaincre par Daniel Trachino, ancien collègue chez PPR Purchasing, lui-même entré chez Acer l’année précédente.

« Même si Acer est un groupe mondial, les filiales disposent d’autonomie, et les dirigeants sont à notre écoute »

DE LA DISTRIBUTION À LA FABRICATION

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Son premier travail chez Acer est le miroir de ce qu’il faisait chez PPR Purchasing puisqu’il est en charge des comptes-clefs que sont les grands acteurs du retail et de l’e-tail. « Acer est une entreprise qui a 40 ans mais qui a eu 50 vies ! Y entrer me permet d’élargir mon rayon d’action en ajoutant une stratégie B2B gravée dans l’ADN de la marque à sa création, et redevenue primordiale. Par ailleurs, le respect des engagements est un élément essentiel pour moi, et sur ce point, je n’avais eu que des bonnes expériences avec cette marque. » La fin des années 2000 est encore une période faste pour le PC, et Acer, alors en très forte croissance, ne se contente pas d’innover sur les gammes mais propose de nouveaux modèles souvent copiés depuis. Exemples : la livraison des produits directement depuis la Chine, et la limitation des stocks chez les distributeurs. Paradoxalement, le constructeur subit aussi des effets négatifs de cette croissance ; il doit digérer le rachat de Packard Bell et de Gateway tout en affrontant une concurrence grandissante sur un marché du PC qui commence à décliner. « Cela nous permet de nous poser les bonnes questions et de faire évoluer notre stratégie vers un modèle dans lequel le volume n’est plus le critère principal. Nous avons donc opté pour une vision à plus long terme où nous nous concentrons sur des segments plus porteurs et plus rémunérateurs. » Moins prégnant chez Acer en 2010, le B2B redevient ainsi un axe de développement majeur pour le groupe.

SE RAPPROCHER DES CLIENTS PASSE PAR UN DÉMÉNAGEMENT

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« Notre superbe showroom accueille nos clients et nos partenaires »

Remplaçant son ami Daniel Trachino, Angelo d’Ambrosio prend finalement la direction de la filiale française début 2015 alors même que le groupe vient de se doter d’un nouveau CEO, Jason Chen. L’innovation et le design reviennent au premier plan avec des gammes comme les portables Swift ou les solutions de gaming Predator. Pour Angelo, voici l’occasion de redonner un coup d’accélérateur. « Même si Acer est un groupe mondial, les filiales disposent d’autonomie, et les dirigeants sont à l’écoute de nos propositions, y compris sur des projets d’envergure. Mais cette indépendance s’accompagne d’une responsabilité supérieure sur nos décisions. » Exemple : dès sa nomination, Angelo d’Ambrosio veut déménager les bureaux français des abords de l’aéroport de Roissy au profit d’un emplacement davantage en adéquation avec l’image qu’Acer veut se donner. La marque s’installe donc sur les bords de Seine, à Asnières, le 23 septembre 2019. Et il est clair qu’entre les deux bâtiments, c’est… le jour et la nuit. « Bien sûr, ce n’est pas simple de demander aux salariés un tel changement géographique [il réside à Senlis, près de l’aéroport et connaît donc bien le sujet, NDLR], mais nous nous sommes rapprochés de nos clients, et avons mis en place un superbe showroom pour les accueillir ainsi que nos partenaires. »

PEU DE TURNOVER DANS LES ÉQUIPES

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Mais il ne pense pas qu’au business : il profite de cet emménagement pour intensifier les politiques de qualité de vie au travail et de responsabilité sociale des entreprises (RSE), en responsabilisant ses propres collaborateurs. Un exemple parmi d’autres : on ne trouve aucune corbeille sous les bureaux, le tri étant effectué sur des points de collecte, faisant prendre conscience à chacun de la quantité de déchets produits. Dans l’univers très volatil de l’IT, Acer se distingue d’ailleurs par une belle longévité des équipes en place, Angelo d’Ambrosio en étant la preuve vivante. « Ces nouveaux locaux sont aussi une récompense pour les gens qui travaillent chez nous. Les visiteurs que nous avons accueillis restent impressionnés, ce qui change l’image qu’on donne de notre entreprise. »

« Vendre du produit n’est plus suffisant, il faut le logiciel et les services associés, ce qui oblige à mieux connaître les clients et à les adresser plus verticalement »

Mais bien sûr cela ne suffit pas. En phase avec sa maison mère, Angelo d’Ambrosio investit beaucoup d’énergie dans le développement de nouveaux marchés, parfois même là où on ne s’y attend pas. Ainsi, il nous raconte que le réseau des Fnac et Darty s’est doté d’un outil de vente omnicanal, Retailink, destiné à optimiser la monétisation des passages des clients en magasin, par des écrans d’affichage dynamique. “Nous n’avons pas gagné l’appel d’offres sur les écrans mais celui sur la partie logicielle de ce projet!” De quoi modifier l’image d’une marque qu’on n’associe qu’au matériel. « Et cela change aussi les partenaires avec lesquels on parle. Vendre du produit n’est plus suffisant, il faut le logiciel et les services qui vont avec. Ce qui oblige à mieux connaître les clients et donc à privilégier un adressage plus vertical. Ainsi, quand nous constatons que 15 % des acheteurs de configuration Predator ne sont pas des j oueurs mais l’utilisent en tant que station de travail, nous lançons la gamme de workstations ConceptD qui répond encore mieux à leurs attentes. » Une nouvelle étape dans l’histoire d’Acer et dans la carrière d’Angelo d’Ambrosio, simultanément – les deux paraissent indissociables. « Et il faut s’attendre à de profondes mutations dans les prochaines années. Car la course à la puissance n’est plus le seul moteur : l’arrivée des technologies telles que la 5G et l’IoT remettra en cause tout l’environnement. »

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