Industrie 5.0 enjeu prospectif et culturel
Le but de l’industrie 5.0 est de dépasser les notions de productivité, et de prendre en charge les nouveaux besoins. Une ambition vaste et réaliste.
Avr 2023Par Vincent Nicaise, Industrial Partnership and Ecosystem Manager, Stormshield
Parler d’industrie 5.0, alors que les entreprises ressortent fragilisées de la crise sanitaire et opèrent dans un contexte géopolitique incertain, peut au mieux engendrer de la perplexité, au pire de la crispation. Pourtant, c’est un bon moment pour interroger la capacité du tissu industriel européen à faire évoluer ses méthodes, afin de mieux résister aux bouleversements sociétaux et environnementaux.
Quant au terme d’industrie 5.0, il est peut-être mal choisi, car il laisse entendre une séquentialité. Peu importe : le secteur secondaire est le plus gros contributeur de l’économie européenne, avec 20 % du PIB, et doit réagir avant de devenir un colosse aux pieds d’argile. Elle ne se relèvera pas d’une crise mondiale éventuelle.
Emploi, réindustrialisation et économie de ressources
L’industrie européenne est appelée à se recentrer sur l’humain et à devenir durable et résiliente. D’un côté, on trouve la volonté de ne pas reproduire des modèles productivistes dépassés. De l’autre, celle d’œuvrer à une réindustrialisation à la peine. Certes, on ne part pas de rien : l’introduction et la généralisation des technologies (capteurs, données, intelligence artificielle, automatisation) modifient les schémas et l’utilisation des ressources.
L’industrie 5.0 entend prendre la mesure des transformations induites par l’innovation pour en atténuer d’abord les effets délétères, et renouveler le rôle de l’industrie dans la société. Nous n’y sommes pas encore. Poids lourd de l’emploi, l’industrie pâtit de désamour pour ses métiers. Les cabinets de recrutement en témoignent : les hauts diplômes rejettent l’avenir professionnel qui leur est réservé, et appellent à reconsidérer toutes les méthodes de production. Or, sans les prochaines générations d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers, l’industrie européenne ne réussira pas sa transition vers un avenir soutenable, local et durable. Le seul possible pour exister.
Pour un cadre de confiance physique et cyber
C’est à travers les technologies de pointe que l’Union européenne entend concrétiser la promesse du 5.0, et rendre ses métiers à nouveau désirables. Cette nouvelle normalité a vocation à éclairer le chemin déjà entrepris à l’aune des nouveaux défis. Interaction homme machine individualisée, biomimétisme et matériaux intelligents, jumeaux numériques et simulation, technologies de transmission, de stockage et d’analyse des données, intelligence artificielle, technologies pour l’efficacité énergétique et énergies renouvelables : tout est en place. Si l’entreprise 5.0 n’existe que sur le papier, elle prend sa source dans sa forme existante. Cependant, la sécurité doit encore être accrue. Elle est plus que jamais indispensable pour installer une confiance pérenne.
Il résulte des observations précédentes que la coopération homme machine nécessite des technologies de sécurité fortes pour s’installer et garantir l’intégrité de tous. La confiance dans la robotique, qui assiste et évolue à proximité des employés, ne résisterait pas aux attaques informatiques qui modifieraient le comportement des machines de coactivité. Et ces cas sont déclinables à l’envi : maintenance prédictive, qualité des processus, solidité de l’infrastructure réseau sous-jacente, fiabilité de la donnée sur laquelle reposeront les décisions à venir. Autant de sujets qui véhiculent un pari à relever dès aujourd’hui.
Dans ce contexte, la sécurité des entreprises robotisées, automatisées, interconnectées et distribuées, consolide non seulement leur intelligence numérique, mais aussi la réussite du modèle social et sociétal que l’Union européenne appelle de ses vœux. L’harmonie de l’homme avec son environnement industriel est à ce prix.
Bio express
Titulaire d’un BTS Informatique industrielle obtenu à Metz, Vincent Nicaise possède une formation d’ingénieur en biens et services industriels (niveau II). Passionné par l’articulation délicate entre l’industrie, le business, la technique et l’Europe, il amorce dès 2001 une carrière placée sous le signe du numérique et enchaîne plusieurs postes. En 2008, chez Zyxel, il pilote le développement du marketing digital. Puis, après un passage remarqué chez Atos, Vincent Nicaise entre chez l’éditeur de cybersécurité Stormshield. Un parcours diversifié pour ce spécialiste du numérique, qui fait ici œuvre de pédagogie et d’amplitude de champ.